Les amoureux du Sahara sont de retour pour les fêtes de fin d’année dans l’oasis de Toungad, au pied de la dune monumentale de Zire Mint Leboudi et dans l’antique bibliothèque de Chinguetti. Grâce aux vols de la compagnie française ASL Airlines affrétés par une dizaine de voyagistes spécialistes de la randonnée à partir du 16 décembre et jusqu’à la mi-mars, à raison de quatre à six heures de randonnée chamelière par jour, ils renoueront avec les hommes aux semelles de vent qui hantent cet océan de sable et ont été privés de visiteurs depuis sept ans pour cause d’insécurité.
Il n’a pas été facile de sortir ce beau désert de la zone rouge que le ministère français des Affaires étrangères avait peint sur la totalité de la Mauritanie après les attentats des années 2000. Zone rouge qui signifiait la fin des vols charters et le refus des assurances de couvrir le moindre voyageur. Toute une équipe a œuvré pour, début 2017, faire virer à l’orange cette funeste couleur et autoriser la reprise des vols charters entre Paris et Nouakchott, la capitale, mais aussi de vols directs entre Paris et Atar, dans la vallée Blanche, porte d’entrée du massif de l’Adrar.
Selon ses partenaires français, la ministre mauritanienne du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, a joué ce jeu collectif et apporté les garanties demandées. De son côté, le Pnud finance la formation sur la sécurité que l’armée mauritanienne dispensera aux guides locaux à partir du 6 novembre.
« Cette destination est un peu notre idéal, puisque le tourisme y fonctionne comme une manne de développement, explique Kevin Girard, président de Point-Voyages. Les hommes ne sont plus obligés de s’expatrier à Nouadhibou [la capitale économique, sur le littoral nord-ouest] pour faire vivre leur famille. En encadrant un nomadisme touristique contre des rémunérations honorables, ils reviennent aux sources. »
Lionel Habasque, PDG de Terres d’aventure et vice-président de Voyageurs du monde, se dit tout aussi « ravi de pouvoir redémarrer la marche » dans le désert. « Jusqu’aux Printemps arabes, explique-t-il, les amoureux du Sahara représentaient un tiers de nos clients et ils ont été frustrés de ne plus pouvoir y randonner. Nous sommes déjà complets pour Noël et, si ce succès se confirme, l’an prochain, nous fonctionnerons d’octobre à avril. »
Un conseil à ceux qui rêvent de retrouver le Petit Prince qu’apprivoisa Antoine de Saint-Exupéry dans ces solitudes enchantées : posez votre sac de couchage au sommet d’une dune et choisissez une étoile au firmament.
Source « JEUNE AFRIQUE 15 novembre 2017«